
VOYAGER A MOTO. Mettons que pour un week-end ensoleillé de printemps, on ait envie d’un petit voyage entre Dijon (Côte d’Or, Bourgogne) et Le Mont-Dore (Puy-de-Dôme, Auvergne) soit un peu plus de 300 km.
Comment composer son tracé en quelques clics en utilisant un simple navigateur internet et sans payer d’abonnement ? Nous avons testé dix planificateurs d’itinéraires. Et tous ne se valent pas. Loin de là… Les meilleurs ? Kurviger, Calimoto, RouteYou et TomTom. Les plus décevants ? ViaMichelin et Moto-Trip. Les pires ? Liberty Rider, GoogleMaps, Mappy et Sygic…
ViaMichelin – Totalement décevant !
Puisque nous allons en Auvergne, honneur au local de l’étape, avec le suite web ViaMichelin.
On pouvait s’attendre de la part d’un des meilleurs éditeurs de cartes routières à un calcul d’itinéraire intéressant, eh bien non ! Non, non et non. Le site par navigateur est à la limite de l’acceptable.
Peu érgonomique, écrasé par des publicités, la fenêtre dédiée à la carte est bien trop petite. De plus, le site ne propose pas assez d’options, puisque nous n’avons le choix, en mode « moto », qu’entre « rapide », « court » ou « économique » et des propositions peu pertinentes malgré l’activation de l’option « éviter les autoroutes et voies rapides ».
Le logiciel nous donne alors un premier itinéraire peu passionnant de 311 km en 5h45 passant par Beaune, Montchain, Digoin, Lapalisse, Vichy et Clermont-Ferrand ; un deuxième de 332 km en 5h56 pas plus intéressant passant par Beaune, Autin, Moulin, Saint-Pourcin-sur-Sioule et Volvic ; et un troisième, un peu plus « motard » passant par Beaune, Roanne, Thiers et Clermont-Ferrand pour arriver au Mont-Dore en 6h29 et 331 km.
Heureusement, l’application ViaMichelin sauve l’honneur du Bibendum avec le mode moto et une option « découverte », qui se base jusqu’à Roanne sur l’option 3 du site, mais bifurque après sur du plus viroleux via Corvières, Courpière, Issoire et Saint-Nectaire, le tout en 7 heures et 369 km.
Mais pour l’application comme pour le site, il n’est pas possible d’exporter ensuite ce trajet en un fichier exploitable par un GPS ou un système embarqué. Ce qui, une nouvelle fois, disqualifie cette solution. Un non-sens numérique franchement incompréhensible de la part de l’entreprise clermontoise !
Kurviger : un programme pensé pour les motards
L’application allemande Kurviger a été développée pour les motards et cela se sent. Dès la page d’accueil, et après lui avoir demandé de s’exprimer en Français en cliquant simplement sur un petit drapeau (allemand par défaut), composer l’itinéraire est un jeu d’enfant : on met la ville de départ, la ville d’arrivée, les points intermédiaires si nécessaire, puis on choisit les options : « rapide et sinueux », « sinueux » ou « super sinueux ».
On pourrait aussi lui demander de privilégier les lignes droites et les autoroutes, mais peu de motards devraient choisir cette solution. Par contre, l’option « éviter les routes principales » peut être également enclenchée pour se composer un itinéraire « aux petits oignons ». Tout cela est très facile. Et en plus, on peut visualiser en bas de l’écran une mesure du dénivelé qui sera rencontré.
L’itinéraire « rapide et sinueux » serait déjà intéressant, qui permet de relier Dijon au Mont-Dore en 375 km et 6h36 via Châteauneuf et le Morvan, passer par Moulin, Voussac tout en évitant Clermont-Ferrand. L’itinéraire « sinueux » (351 km et 6h41) évite aussi les villes, fait quitter Dijon par la jolie vallée d’Ouche jusqu’à Pont-d’Ouche, mais impose une longue ligne droite entre Dompierre-sur-Besbre et Jaligny-sur-Besbre… Les seules « villes » traversées seront Autun, Sainte-Radegonde ou Saint-Bonnet-de-Rochefort, c’est dire !
On évitera ainsi Clermont-Ferrand en passant par le Nord via Montfermy pour arriver au Mont-Dore par le col Guéry. Quant au mode « super sinueux », c’est une belle balade qui au départ de Dijon vous fera passer par le Morvan, mais il faudra compter 8h07 de route pour couvrir les 425 km.
Une fois l’itinéraire choisi, Kurviger vous permet de l’exporter selon plusieurs formats de GPS, notamment en .gpx, en .kml et en .html pour être compatible avec Sygic. On pourra aussi se créer un compte (gratuit) pour sauvegarder ses itinéraires. Une fois la balade faite, on pourra inverser le sens du tracé et, si on est en panne d’inspiration, lui demander de créer un circuit (gratuit jusqu’à 300 km du point de départ).
Une option « Tourer » premium payante est également disponible, qui ajoute d’autres fonctions au logiciel : la visualisation des différents profils d’itinéraire sur la même carte, la définition de la « force d’évitement » qui détermine de façon fine ce que l’on veut éviter (les péages, les voies rapides, les agglomérations), les fermetures de routes, les limitations de vitesse, etc.

Calimoto : un superbe outil pour les motards
L’application pour smartphones Calimoto (en grande partie payante, sous peine de rester dans sa région) figure parmi les plus appréciées des motards. Elle permet en quelques clics de profiter de balades sympa. Sur le web, via un navigateur, Calimoto propose aussi un planificateur d’itinéraires, mais pour y accéder, il faut se créer un compte (gratuit) et être connecté.
A partir de là, une fois les points de départ et d’arrivée renseignés, on peut demander l’itinéraire le plus rapide avec autoroute (364 km, 3h43) et le plus faible score au « calimètre », l’outil qui mesure le fun des balades en fonction des virages ; passer au plus rapide sans autoroute via Beaune, Montceau-les-Mines, Vichy et Clermont-Ferrand (307 km et 4h40) avec un « calimètre » à 28 assez peu enthousiasmant ; ou passer sur de la vraie balade motarde via les options « sinueux » (374 km, 5h58, mais surtout 92 au « calimètre ») via Château-Chinon, Moulins, Saint-Pierre-le-Chastel (à l’ouest de Clermont-Ferrand) ; et « super sinueux » qui affiche le « calimètre » maxi de 105 pour 492 km et 8h03 de route. Là, il faudra s’accrocher, car l’itinéraire ne passe par aucune ville et n’emprunte que des petites routes de campagne et de montagne !
Le long de l’itinéraire choisi, on peut voir les photos qui ont été postées par la communauté. Si la carte ne donne pas d’entrée de jeu une idée très précise du relief, on comprend facilement sur quel type de route on va circuler et on peut lui demander d’intégrer davantage ce paramètre. On peut aussi y afficher les cols de montagne, les points touristiques, les restaurants, les campings, les stations essence et même des points de rencontre « motards ».
Une fois le parcours sélectionné, toujours en version gratuite, vous pouvez l’enregistrer sur votre compte, le partager par mail ou vers un autre utilisateur de Calimoto et même l’exporter en .gpx pour le télécharger sur un autre GPS que l’application. C’est donc un superbe outil pour préparer ses voyages, qui offre aussi une belle bibliothèque de road-trips prêts à être intégrés.
RouteYou, le site qui promet « les plus beaux itinéraires »
RouteYou promet de trouver les plus beaux itinéraires. Et d’entrée de jeu, lorsqu’on sélectionne un itinéraire « moto », on peut préciser s’il s’agit d’une moto de tourisme, d’un scooter, d’une moto tout terrain. Intéressant ! Partons sur une moto de tourisme et voyons ce que ça donne…
Le fond de carte est plutôt clair et lisible, s’agissant de celui d’OpenStreetMap, la carte open source collaborative.
De Dijon au Mont Dore, en une seule option, le calculateur nous fait d’abord passer par la route des grands crus de Bourgogne, Gevrey-Chambertin, Vosne-Romanée, Nuits-Saint-Georges, mais évite Beaune et Montchanin.
On part ensuite par Paray-le-Monial, Châtel-Montagne et on évite Clermont-Ferrand pour arriver à destination en 352 km et 4268 m de dénivelé. Problème : le logiciel ne dit pas combien de temps cela prendra.
En cliquant sur un point, on peut aussi très très facilement changer l’itinéraire pour l’amener sur une autre route, que l’on pense plus jolie. Tout cela est très simple.
Une fois le parcours terminé, vous sauvegardez votre itinéraire puis vous pouvez l’exporter en fichier .gpx, pour les GPS Garmin, Harley-Davidson, TomTom, KML ou encore l’application RouteYou.
RouteYou montre le graphique du dénivelé, peut vous proposer des boucles dans un périmètre défini par vos soin et bénéficie des fonctions de la carte OpenStreetMap. Il propose aussi le téléchargement d’un mode d’emploi en PDF, mais est lié à des publicités (notamment pour des hébergements en route) que l’on aime ou pas. On pourra d’ailleurs s’en débarasser en passant en version payante « plus » ou « premium », qui ajoutent de la rapidité et des fonctionnalités.
En version gratuite, c’est en tout cas une très bonne application.
TomTom My Drive : facile et intuitif
Le planificateur de parcours de Tomtom, MyDrive, est gratuit et ouvert à tous sur le web. Une fois le mode « moto » sélectionné, on entre la ville de départ et la ville d’arrivée et on peut ajouter des éventuelles étapes. Immédiatement, trois tracés « rapides » sont proposée, faisant une grande place aux… autoroutes. Il faut alors cliquer sur « éviter » pour désélectionner les autoroutes, les voies rapies (mais aussi les voies non revêtues).
« Au plus rapide », le parcours proposé de 328 km et 4h46, emprunte les nationales et ne fait pas rêver le motard. Il est alors temps de cliquer sur « parcours à sensation » avec lequel on peut jouer sur trois niveaux de sinuosité et de dénivelé.
Le niveau 1 vous fera passer par Charolles, Lapalisse, Vichy et Riom pour arriver au Mont-Dore en 5h02 et 313 km. C’est un itinéraire intéressant, qui évite les villes et traverse les jolies campagnes du pays Charolais entre Haute-Saône et Allier.
Le niveau 2 de sinuosité fait passer par Le Cresot et Digoin puis tournicote jusqu’à destination en 7h19 pour 372 km en évitant Clermont-Ferrand par l’Est. Enfin, le mode sinueux vous fera passer par Autun, Digoin, Ferrières-sur-Sichon, Les Martres-de-Veyre pour arriver au Mont-Dore en 7h38 et 372 km via la jolie D36.
Il est à noter que l’option « virée » permet au calculateur d’itinéraires de proposer un chemin de retour différent de celui de l’aller. On peut aussi demander au logiciel d’afficher (en vert) les segments panoramiques, ainsi que le trafic et les fermetures de routes.
Une fois l’itinéraire choisi, vous pouvez le télécharger en fichier .gpx. Si votre GPS est un TomTom, vous pouvez directement l’envoyer à celui-ci par votre compte TomTom.
Au final, si l’itinéraire est très facile à composer, le fond de carte mériterait d’être un peu plus travaillé pour offrir une meilleure visualisation du relief, ce que propose Kurviger.

Moto-trip.com : trop limité en version gratuite
Moto-trip.com est aussi un site communautaire dédié aux road-books des motards. On y trouve donc une belle bibliothèque d’itinéraires, chaque balade composée étant, par défaut, publique (mais on peut les passer en privée).
L’utilisation de l’outil demande la création (gratuite) d’un compte. A partir de là, on peut facilement « créer / organiser / partager une balade ». On commence par lui demander d’éviter les autoroutes, éviter les péages et éviter de passer deux fois par la même route avant d’entrer son point de départ et son point d’arrivée et de subir une grande déception : l’itinéraire proposé est plutôt banal, identique à ce que proposent des sites comme GoogleMaps ou Mappy.com, car les options « sinueux » et « super sinueux » sont payantes. Bref, c’est pas génial.
Le mieux est alors de changer le fond de carte, pour passer à celui de l’IGN, qui permet de mieux voir le relief et de composer son itinéraire en ajoutant des points de passages de Dijon jusqu’au Mont Dore. Tout cela se fait assez facilement, mais prend du temps. Et, finalement, on aurait peu ou prou le même résultat avec tous les autres logiciels. L’avantage motard ? On ne l’a pas vu.
Une fois le travail terminé, on peut sauvegarder sa balade et l’exporter en plusieurs formats : .gpx, .gpx « spécial Harley », KML ou ITN. A l’attention de la communauté, on pourra indiquer un niveau de difficulté à sa balade, des photos, y intégrer une vidéo Youtube, mais au final, le bridage de la version gratuite place cette application dans la catégorie des solutions décevantes.
GoogleMaps : des itinéraires sans fun pour les motards
Déjà, le navigateur ne propose pas d’option « moto » et commence par nous mettre sur l’autoroute. Ça part mal… Il faut alors fouiller dans les options pour éviter les autoroutes et les sections à péage, ce sont les seuls choix qui seront proposés, hors de tout itinéraire sinueux.
Les trois variantes de l’itinéraire proposées sont alors sans « fun » : de la grosse route par Autun, Digoin, Lapalisse pour l’un ; Montchanin, Le Creusot, Digoin, Lapalisse pour le deuxième ; Chalon-sur-Saône, Anzy-le-Duc pour le troisième, avant d’aller pour les trois vers Vichy, passer à l’Ouest de Clermont-Ferrand pour arriver au Mont-Dore. Vous mettrez alors entre 5h16 et 5h30 pour parcourir entre 313 et 334 km.
En se connectant à son compte Google (pour qui en a un), il sera possible d’envoyer cet itinéraire vers votre téléphone, mais franchement, quel intérêt ?
Mappy.com : un mode moto, mais… lol !
A la différence de GoogleMaps, Mappy propose un mode « moto » sur son planificateur d’itinéraires, mais ça ne vaut pas grand-chose. Entre Dijon et Le Mont Dore, le calculateur, en mode moto, ne propose ainsi que deux routes : un mode « habituel » (380 km, 3h28) par autoroute ; un mode « moto sans péage » de 318 km et 4h30, passant par Beaune, Montceau-les-Mines, Digoin, Vichy et Clermont-Ferrand qui n’a rien d’enthousiasmant.
Bref… on ferme et on passe à autre chose. C’est dommage car le fond de carte n’est pas mal.
Liberty Rider : pas vraiment au point
L’application Française qui entend protéger les motards sur la route en déclenchant les opérations de secours en cas de chute, propose elle aussi un calculateur d’itinéraires sur le web, mais celui-ci n’est vraiment pas au point.
Déjà, le fond cartographique n’est pas bon, qui ne permet pas de visualiser correctement les routes et ne donne aucune idée sur le relief rencontré. Ensuite, créer une navigation relève du calvaire : il faut pointer le point de départ, puis chercher sur la carte, pas à pas, le point d’arrivée. Le résultat : même si je connais assez bien la géographie française, il m’a été assez difficile de trouver mes points de départ et d’aboutissement ou de supprimer le tracé autoroutier imposé par l’application. Bref, à éviter.
On notera toutefois que Liberty Rider propose des road-books tout prêts à télécharger et ça, c’est bien sympa !
Sygic : le pire des mauvais
Dès l’arrivée sur la carte du planificateur d’itinéraires Sygic, on sait que cela va mal se passer. Le fond de carte est en effet difficilement lisible et aucune des options n’est réellement intuitive.
En cliquant sur la flèche « itinéraire », on arrive à un volet de commande très proche de celui de GoogleMaps, qui ne propose pas beaucoup plus d’options : le mode moto n’existe pas, c’est un GPS de bagnole pour lequel il n’y a rien à attendre de bon, même si ce système de navigation (compatible avec l’électronique Bosh) a été choisi par Ducati et Can-Am pour équiper leurs modèles…
Testons quand même les offres entre Dijon et le Mont-Dore et là, sans surprise, les trois choix sont par autoroute (A6 et A72), par la nationale 79 et l’A71 ou par les grosses départementales typiques de « la France moche ».
Si on évite les autoroutes et les péages, les itinéraires proposés sont tout aussi tartignoles… Bref, il n’y a rien à tirer de ce truc, qui se révèle être encore moins bon que GoogleMaps.
Nous avons éliminé de ce test BaseCamp et ITN Converter, calculateurs d’itinéraires qui demandent l’installation d’un logiciel propriétaire ne fonctionnant que sous PC, excluant de fait les possesseurs d’ordinateurs fonctionnant sous Mac Os ou sous Linux , mais aussi OsmAnd+, Waze ou OpenMapStreet qui sont plutôt des applications pour smartphones.
Bonne route !
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