
Il a suffi d’un tweet de quelques caractères du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, pour relancer un débat toujours prompt à s’enflammer concernant la multiplication des radars routiers et la politique de Sécurité routière, jugée excessive par les uns, toujours trop laxiste par les autres.

En cause, l’affirmation par le ministre de vouloir abaisser les sanctions pour les petits excès de vitesse, s’agissant de la grande masse de ceux qui ne dépassent pas les 5 km/h, qui pourraient ne plus entraîner de perte de points sur le permis ; alors qu’a contrario, la consommation d’alcool et de drogue avant la conduite serait davantage sanctionnée et pourrait entraîner la suppression directe du permis.
Le problème de ce tweet est qu’il arrive une nouvelle fois comme une réaction à chaud de l’exécutif face à un fait-divers, s’agissant bien sûr de l’accident causé par l’humoriste Pierre Palmade, le vendredi 10 février 2023.
Mais ce n’est pas la première fois que Gérald Darmanin s’exprime sur le sujet des petits excès de vitesse. En septembre 2022 dans les colonnes du quotidien Sud-Ouest, il avait ainsi indiqué vouloir faire avancer ce dossier, expliquant que ces petits excès de vitesse représentaient 50% des points perdus sur les permis de conduire.
Il était alors question, en contrepartie, de « lutter plus fortement contre les fraudes et les trafics de points. »
Une grande perdante : la vraie sécurité routière
Reste que cette nouvelle déclaration provoque la colère de ceux qui estiment que le Code de la route ne saurait souffrir d’aucune exception, et qui mettent en avant le fait qu’une « tolérance » existe déjà : « les excès de vitesse de moins de 5km/h ne sont déjà pas verbalisés. La marge est de 5 km/h jusqu’à 100km/h, 5% au-delà (respectivement 10km/h et 10% pour un radar mobile) », explique l’un de ces idôlatres du tout-répressif. Sauf qu’affirmer que cette tolérance existe déjà est faire fi du fait qu’elle ne représente que la marge d’erreur technique du radar, et qu’il ne s’agit en aucun cas d’un « bonus » au profit du contrevenant…
A l’opposé, les « consommateurs » de cannabis montent aussi au créneau, estimant que les tests salivaires sont trop sensibles et qu’ils permettent de déceler une consommation trop longtemps après que les effets de leurs volutes se soient évaporés… Et d’avertir qu’une telle mesure favoriserait notamment la conduite sans permis des consommateurs de drogues.
N’en doutons pas : la grande perdante de ce débat est une nouvelle fois la vraie sécurité routière ; celle qui pourrait permettre d’aborder la prévention, l’éducation au partage de la route, la lutte contre les addictions et la qualité des infrastructures routière plutôt que de focaliser encore et toujours sur la vitesse et une politique de répression aux bénéfices plutôt discutables…
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